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Lettres de Marie de Gineste (1813-1892), à son fils Henry (1838-1903), transit d’amour pour la jeune Mathilde…

 

Henry de Gineste s'est épris de Mathilde Sol de Marquein (1845-1934), un charmant météore qui est d'une vigueur de caractère peu commune. Sachant que tôt ou tard elle devrait se marier, elle décide de ne pas se précipiter et de faire patienter le pauvre Henry jusqu'au supplice. Les noces auront finalement lieu en septembre 1868, chez le père de Mathilde dans la grande salle de réception du château de Marquein, dans l'Aude.

Garravaques, mercredi 9 mai 1868

… Je comptais sur une de tes lettres ce matin, j’en ai eu une déception, enfin, lorsqu’elle arrivera, elle sera la bienvenue ; dis à Mathilde Sol qu’elle ne se fatigue pas trop, je ne voudrais pas la retrouver maigrie, et comme je suis persuadée qu’elle engraissera quand elle sera tout à fait à nous, je désire bien qu’elle se décide à en avancer le moment…

Garravaques, 28 mai 1868

… Maintenant parlons un peu de notre chère Mathilde, toutes les lettres de ta sœur me la disent très gaie, sois donc heureux et tranquille, mais je sais, qu’avec ton caractère, tu ne le seras entièrement que lorsque tout sera fini. Il parait que vous achetez de belles choses, vous faites bien, je suis fort aise que Mathilde se contente, tout ce que je désire c’est que le logement ne vous donne pas d’ennuis. Ta tante Nina et les Fargues sont allés à Vigouroux, on a beaucoup parlé des beaux achats que vous faisiez, je pense que c’est d’après les lettres des Alexandre, je ne suis pas fâché qu’on le sache. 
A présent, il me tardera bien, mon cher Henry, que la question principale fasse un pas, car cet été tu finiras pas être malade, je voudrais bien que Mathilde le comprit et qu’elle se décidât car d’après son oncle, si elle le veut elle le sera…
… Mes amitiés à Mathilde, je voudrais qu’elle pensât bientôt à rentrer dans le pays, adieu mon ami, je t’embrasse de toute mon âme,

Marie

Garravaques, 4 mai 1868

… Tu comprends que Mathilde et toi avez fait les frais de notre entretien. Charles voudrait fort que sa nièce se décidât à avancer l’époque du mariage et il prétend que cela dépend d’elle entièrement, parce qu’après un non de son père elle revient adroitement à la charge et qu’il finit par céder, tu ne dois rien lui répéter de ce que je te dis. Il parait qu’elle avait reçu avant son départ une lettre de Mme Gertrude qui lui assurait que lorsqu’elle aurait causé avec elle de son avenir, elle voulait d’après ce qu’elle voyait faire d’elle la plus heureuse fiancée ! Dieu le veuille ! Et que cette pauvre enfant abandonne ses moments de tristesse. 

Rennes, 13 mai 1868

… En descendant de voiture, on m’a remis ta lettre, mon cher Henry, j’ai eu un grand moment de satisfaction, mais pas en la lisant, il me semble que toutes les incertitudes de Mathilde devraient avoir cessé, et si ce n’est que le moment redoutable qui ne la préoccupe, le plutôt ne sera que le mieux, si ce sont d’autres appréhensions, il serait peu raisonnable de ne pas trancher toutes les questions de suite, et de nous laisser en suspend lorsque nous croyons tout résolu, je t’assure que je te regrette fort de ces alternations, il me tarde que tu sois tranquille à ce sujet et que tu me le dises, en y réfléchissant pourtant il me semble impossible que ses déterminations ne soient pas parfaitement fixées…

… J’aurais voulu une lettre encore plus longue pour me dire si ta sœur est contente des achats de Mathilde, Charles m’a dit à Vigouroux, que cette dernière avait demandé 10 000 francs à son père pour le trousseau, et qu’ayant demandé ce qu’avait coûté celui de Mme Edouard de Falguerolles, on lui avait dit 1 000 écus, qu’elle avait ri de sa demande et je pense qu’elle l’aura réduite…

… Je voudrais savoir tout et tu ne me dis pas assez, sacrifie-moi une heure en te levant plus tôt.

Mon amitié à la colonie, adieu mon ami, je t’embrasse, et te charge de mes affectueux compliments pour Mathilde.

Mazamet, 1er juin lundi 1868

Mon cher Henry, ta sœur en me parlant hier de vos achats m’a dit que vous n’aviez pas l’intention d’acheter des chandeliers, à cause des lampes, que vous les jugez inutiles, comme j’ai plus d’expérience que vous, j’écris quelques mots pour te dire que quatre chandeliers plaqués, très simples, et deux bougeoirs vous sont indispensables, et je suis persuadé que chez Christofle vous aurez meilleur et moins cher qu’à Toulouse, il vous faudrait, à mon avis au moins six chandeliers pareils, unis, choisissez-les un peu haut mais pour quatre vous ne pouvez pas vous en passer, le prix de 20 francs la paire serait suffisant. A présent faites comme vous l’entendrez. Ta sœur me disait aussi que Mathilde comptait sur trois mois consécutifs à Paris. Janvier, février et mars, je me flatte que tu pourras plus tard la persuader que tes affaires n’exigent pas un séjour aussi long. Si tu devais toujours être absent les inventaires s’en ressentiraient…

…. Je suis fort heureuse de voir le sentiment qui t’absorbe, mais je voudrais pourtant que tu puisses le concilier avec tes affaires, et je t’assure que ce que je te dis n’est pas déraisonnable, je crois que tu te trompes en te figurant qu’une seule idée doit t’absorber ; je suis décidée à t’attendre ici…

Marie de Gineste à son fils Henry

 

Marie tient informé son fils des événements qui touchent les familles de la région tandis qu'il est en voyage dans une capitale européenne ou de l'autre côté de la Méditerranée pour gérer sa propriété en Algérie.

Castres, 4 février 1868

… J’ai trouvé ta sœur bien, mais astreinte de nouveau à ce régime sévère et peu abondant, je ne l’ai pas trouvée maigrie, mais un peu jaunie… 
… J’ai donné ton adresse à Charles qui a déjeuné avec nous, il ne m’a rien dit, par conséquent s’il t’écrit, parle m’en.

Castres, 15 février 1866

… Je suis allé hier avec ta sœur voir Valérie, elle était sortie et Charles était allé se promener à cheval avec Mlle Lydie, leur affection pour cette nièce se traduit par toutes sortes de complaisances, puisque Charles a fait arriver d’… un petit cheval pour la promenade de la nièce, entre nous soit dit ces choses là seraient ridicules dans presque toutes les positions, mais elles le sont bien plus pour celles de Mlle Prat qui est des plus modestes et dont la mère se trompe bien je trouve dans la manière dont elle la dirige, tu penseras que cela ne me regarde pas et tu as bien raison, mais je te fais part de mes impressions. On danse tous les jours en petit comité d’abord chez Mme Humbert on a dansé trois jours de suite, un premier jour pour essayer les salons, le lendemain grande soirée, et le troisième jour pour se maintenir en haleine, ce n’est que pour les plus zélés, Mme St Cyr, Ernest de Falguerolles, son frère et Philippe sont repartis le lendemain

Mazamet, 19 février 1875

… On s’est beaucoup entretenus en ville du mariage Miran, en effet il n’est plus jeune 61 ans, et la dame 53, c’est un mariage de raison, et j’ajoute d’intérêt pour la dame, si elle avait de quoi vivre je ne pense pas qu’elle eut voulu à son âge rien changer à ses habitudes. Je ne sais si Mr Miran et sa moitié sont rentrés de leur voyage, je n’ai pas le projet d’aller faire connaissance avec Mme et sa famille – le pauvre homme m’a écrit la veille de son mariage pour me communiquer une circulaire, la pareille a été écrite à Mme Cormouls, il demande la même bienveillance pour la seconde que pour la première, et je crois qu’elles doivent être un peu différentes.

Marie de Gineste (1813-1892), appelée désormais « Mimi vieille », écrit à sa belle-fille Mathilde (1845-1934), à propos des enfants  

Castres, 14 décembre 1873

 

...Je commence, ma chère Mathilde, par te prier de dire à mon Hélène bien aimée que je la remercie beaucoup de ses barres, elles m’ont fait grand plaisir, je les ai trouvées bien propres et bien droites, lorsqu’elle saura un peu épeler, je lui écrirai une petite lettre, je l’embrasse mille fois ainsi que Lucy, qui ne grimpe plus je suis sûre et qui veut devenir bien sage pour que Bonne soit contente, et Lucy sait que Bonne mettait au coin lorsqu’on grimpait sur les fauteuils, quant à Caro je ne fais aucune leçon, je me contente de l’embrasser bien fort...

Cuq-Toulza, 30 avril 1875

 

Ma chère Mathilde, nous avons eu le bonheur hier d’avoir vos trois amours de fillettes, je dis le bonheur car c’en est un véritable pour moi que de les voir et de les caresser. Elles sont toutes brillantes de santé, sauf la petite écorchure d’Hélène, qui passera vite. Caro rachète le temps perdu, elle a bon appétit, elle a grandi et beaucoup embelli, avec ses jolies boucles c’est une gravure, elle est devenue très sage et je suis touchée de ses caresses, aussi j’attends demain avec impatience pour les revoir, ce sera court, car elles repartiront de bonne heure selon vos désirs ; je trouve bien naturel que vous ayez voulu les avoir auprès de vous, votre séjour se prolongeant à Toulouse…

… Ne me privez pas du bonheur de garder les petites…

… Je vous répète ce que je vous ai souvent dit, que je les surveillerai et les signerai de mon mieux.  

… J’ai trouvé que les fillettes parlaient fort bien anglais avec Lisy, enfin vous devez être satisfaite d’elle sous tous les rapports...

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